Et maintenant, on va où ?

Naissance du projet (autofiction)

Publié dans #Projet et trajet

 - "Et maintenant, on va où ?"

Affalée plus qu'assise sur le canapé violet et informe, les yeux dans le vague et l'esprit ailleurs déjà, elle avait lancé cette phrase comme ça, sans attendre de réponse.

Ils finissaient de rédiger leurs thèses respectives en optique intégrée, après trois années de recherche et quelques avancées scientifiques et humaines, encore emplis du doute qu'apporte la liberté.

Trois ans qu'ils vivent à Grenoble. Avec une vie, des amis. Denis dans sa Grange sait avant même qu'ils ouvrent la bouche qu'ils veulent un pain de campagne au levain, et parfois deux brioches aux chocolat : "Allez comme ça c'est fait". Ils ont leurs cinémas préférés, leurs restaurants : la salade bobun du Phnom Penh, les gateaux piments de l'Ile Maurice. Une vie simple et heureuse qui leur convient parfaitement et dans laquelle ils pourraient s'épanouir.

Alors pourquoi partir? Parce qu'il faut apprendre, encore et toujours, parcourir le monde, s'ouvrir aux autres. Parce qu'après il serait trop tard. Parce que "c'est maitenant qu'il faut le faire, après vous verrez avec le travail et les enfants, ce ne sera plus aussi simple ! Ou alors pour la retraite mais..."

Partir… Pour aller où ?

- "Moi j'irais bien en Inde !

Elsa est une fervente yogini, et l'Inde la fascine.

- "Ok, mais on y va à vélo."

- "C'est mort."

- "Mais si! Le vélo ça permet de voyager en liberté, de faire des rencontres! En vélo on voyage suffisamment vite pour parcourir de longues distances en autonomie et suffisamment lentement pour apprécier les paysages, les gens et les cultures. C'est un voyage à vitesse humaine. Et en plus c'est écolo."

- "C'est mort."

Et puis l’idée a fait son chemin. Il faut bien reconnaître que François a raison. Pour prendre le temps, pour observer dans la continuité l'évolution des cultures depuis chez soi jusqu'en Inde, quel meilleur outil que le vélo ? Et puis n'est-il pas un fin connaisseur ? Il a parcouru des milliers de kilomètres à vélo avec son père depuis sa plus tendre enfance.

Le problème du mal aux fesses, poignet et dos est rapidement réglé : le voyage se fera en vélos couchés, machines hybrides à mi-chemin entre le vélo et la chaise longue.

- "Tu vois, on commencera le 10 mars à Obernai en Alsace, on descendra vers la Méditerranée pour éviter le froid, on passera par l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, puis la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie et l'Iran."

- "D’accord, mais on survole le Pakistan pour arriver au sud de l'Inde, et on remonte jusqu’au Punjab."

- "Allez c'est parti!"

Trajet prévisionnel et approximatif

Trajet prévisionnel et approximatif